Etape

Oshu - Hachimantai

Kilomètres

110

Météo

Couvert et froid mais belle lumière

Pensée du jour

Si je tombe dans cette rivière, je suis mort, bon bah on va pas tomber dedans alors

Résumé

Je stressais un peu de cette étape au profil très piégeux : plat le matin, et un col en toute fin de parcours (quand on est bien cassé par la journée). Je décide donc de me coucher tôt (bien que je dorme avant 11h depuis le début du voyage), avec un réveil à 7h. Objectif, partir avant 8h30, ce que je fais en m'impressionnant moi-même. Je pars vite, il fait froid et il pleuviote, mais rien de trop gênant. Mon objectif est d'atteindre les 90 kilomètres avant la pause, pour qu'il ne me reste que la partie dénivelée après manger. Le début de l'étape est oubliable, il fait pas très beau et il se passe rien de fou. C'est après la pause que ça devient incroyable : les nuages se lèvent progressivement et j'arrive au niveau des montagnes. En effet pour arriver à Aomori ma destination, pas d'esquive possible, je passe droit dans des vallées et cols.

Alors que la plaine se resserre, j'ai à ma droite une crête de montagne, devant des collines qui semblent s'élever de plus en plus, et à ma gauche un volcan isolé superbe, le mont Iwate. Et même si son sommet est entouré de nuages, je vis un petit moment de grâce quand il se découvre pendant quelques minutes alors que je suis au milieu des rizières. Je n'ai hélas pas eu le temps de faire des photos de cet instant, mais c'est sans doute le moment dont je me souviendrais sur ce voyage. Je parle beaucoup de rizières mais je vous jure qu'elles sont trop trop belles : à cette période de l'année, c'est la récolte, et les champs sont dorés, je vois tout le processus !

Mais comme cet article devient un peu trop mielleux il faut que je vous parle d'un truc : je fais peur aux japonaises. À Tokyo, elles sont habituées aux touristes, mais depuis que je suis dans des zones sans étrangers, c'est flagrant. Je sais bien que je fais quasiment 2 mètres avec le casque, que j'ai une grosse barbe et l'air d'un ours mal léché avec la poussière du voyage sur mon visage mais quand même. Ça m'arrive quasiment une fois par jour. La première fois j'étais surpris, la deuxième fois amusé, et maintenant ça m'énerve. Petit florilège car j'aime faire des listes :

  • Les 2 étudiantes qui ont sursauté en me découvrant quand les portes de l'ascenseur se sont ouvertes

  • La serveuse du restaurant de ramen qui a fait un pas de recul quand je me suis levé de toute ma taille alors qu'elle passait à mon niveau

  • La maman dans sa voiture qui a carrément crié de terreur alors que j'étais arrêté à sa gauche en attendant que le feu passe au vert

  • La grand-mère qui faisait du vélo et que j'ai dépassé à toute berzingue en disant ''Konnichiwa'' (bon celle là j'avoue que je comprends)

  • L'employée de la supérette qui a fait un petit cri quand je suis sorti des toilettes au moment ou elle nettoyait l'évier (elle a ensuite passé 3 minutes à s'excuser de son impolitesse)

Je pense en fait qu'elles me voient comme un barbare aux yeux clairs tels les ostrogoths chez les anciens romains… Afin de coller à cette image, je projette donc de me raser intégralement le crâne, de froncer les sourcils, de parler très fort en allemand, de ne plus me laver et de profiter de mon passage dans les montagnes du nord pour tuer un sanglier et m'équiper de sa fourrure. Au moins je leur ferais peur pour une raison valable.