Etape

Tomioka - Sendai

Kilomètres

110

Météo

Grosse pluie puis nuageux

Pensée du jour

Est-ce qu'il vaut mieux partir sous la pluie et arriver trempé mais tôt, ou partir plus tard pour éviter la pluie et risquer d'arriver trempé quand même, mais tard ?

Résumé

Préambule : j'ai trouvé hier soir un pantalon cargo à 15 euros dans un magasin de bricolage encore ouvert dans le village, et le porterait désormais fièrement. Voilà qui clos l'incident dit ''du pantalon et du love hotel'', nous pouvons désormais passer à l'étape du jour.

N'ayant pas grand chose à faire hier soir et restant fatigué par ces premiers jours de vélo, je décide de me coucher à 21h. C'est donc gonflé à bloc par une nuit de 10h30 que je m'apprête à faire l'étape m'amenant à la ville étape du voyage, Sendai. Hélas mon enthousiasme est de courte durée : une pluie assez impressionnante tombe à n'en plus finir. Après avoir attendu une heure que ça se calme, je décide d'arrêter d'espérer et de partir à 9h tapante. Je suis instantanément trempé jusqu'aux os. Il fait plutôt froid (18 degrés après 15 jours autour de 30 ça fait un joli choc thermique) et je dois me démener pour me maintenir au chaud. Pour me tranquilliser, je fais le compte mental de l'intégralité des étapes de vélo que j'ai pu faire plus galères que celles-ci. Après quasiment 1 année cumulée de voyages à vélo, elles sont légion, en voilà un petit top 10 en vrac :

  • Pédaler sous un déluge par 9 degrés et avoir comme seul refuge une tente humide et des vêtements mouillés

  • Devoir faire 130 kilomètres dans un désert à 10km/h à cause du vent de face sous 40 degrés pendant 13h

  • 120 km en pleine intoxication alimentaire tordant le ventre en ayant mangé les dernières 24h une banane et un yaourt

  • 60 km de sentiers de montagnes sans aucun goudron avec un dénivelé ahurissant de difficulté

  • Découvrir qu'il reste 50 km à effectuer alors qu'on en a déjà fait plus de 120 dans la journée

  • Rouler comme un bourrin malgré une tendinite à la hanche droite, et ne plus pouvoir marcher pendant 2 jours après

  • Enchainer 1400 mètres de dénivelé positif sous le cagnard après avoir pris 12 kilos pendant une année sans aucun sport

  • Rouler par -2 degrés et devoir pousser son vélo surchargé dans un col de montagne kirghize en devant arriver avant la tombée de la nuit

  • Faire une étape avec une grosse fièvre et transpirer comme un fou malgré une température extérieure de 12 degrés

  • Expérimenter un vent de face si brutal qu'il faut pédaler de toutes ses forces dans une descente pour avancer

Les plus assidus de nos lectures arriveront-ils à identifier toutes les étapes citées ?

Bref tout compte fait, je réalise que je vis ma meilleure vie sous cette grosse pluie vu la simplicité de l'étape, ça me remotive, je pédale à fond pour essayer de mettre la zone de pluie derrière moi et j'avale 65 kilomètres en 3h. Pour me récompenser de mon esprit positif, la pluie finit par se calmer vers midi, ce qui me permet de sécher sous le vent avant une pause repas avec 85 kilomètres au compteur.

Je profite du temps plus clément et de mon avance pour prendre un peu plus le temps de regarder autour de moi et m'arrête dans une école en ruine, symbole laissé là de la dévastation du tsunami de 2011. La vague est arrivée quasiment jusqu'au toit, c'est très impressionnant, surtout avec tous les panneaux que je croise prévenant du danger de la zone en cas d'incident du genre, je suis d'ailleurs passé à quelques centaines de mètres seulement de la centrale de Fukushima. Ce qui m'étonne le plus c'est vraiment le décalage entre la zone magnifique bordée de chemins de rizière dorées et de petites maisons, et la gigantesque digue de 30 mètres de haut qui empêche de voir la mer.

Au final l'étape s'est plutôt bien passée, mais il me restait une galère à affronter d'un autre ordre : en arrivant à l'hôtel, je découvre avec horreur que mes chaussures en cuir neuves et trempées par toute la pluie sont en train de dégorger une énorme dose de teinture. J'arrive à limiter la casse à une serviette de l'hôtel sacrifiée et passe une heure avec le sèche cheveux dans les chaussures en maudissant Timberland et leurs chaussures chères pas foutues de tenir une grosse pluie. J'espère que la prochaine trempée sera moins chaotique… Demain repos à Sendai, puis je partirais pour les 4 derniers jours, ou je passerais dans les terres, direction Aomori !