Résumé

Bonjour, c’est Ken Bogard. Je suis de retour aujourd’hui pour le débrief de l’étape du jour.

Après la journée en enfer à cause d’une insolation de type « je te l’avais bien dit », j’avais très peur de cette étape. En plus, hier soir je me suis enfilé une pizza de 33 cm, non découpée et sans couvert ! Pire encore : il y avait des poivrons dedans, et je ne les digère normalement pas…

Eh bien, les miracles existent : malgré ça je me réveille en pleine forme, et je réussis même à faire un caca solide. Un vrai miracle ! Mes vêtements ont séché, et en plus il ne pleut pas, contre toute attente.

Le profil de l’étape est simple : 120 km, 3 cols, et basta. Après, c’est descente ! Fildrong, lui, a du mal à faire sécher ses affaires. Il quitte la chambre à 8h40 pétantes direction le p’tit dej, en laissant un slip derrière lui. Je le ramasse, le mets dans ma besace, puis je le rejoins.

Là, on a une vraie conversation d’adultes consentants : — « Mec, si tu te sens bien, fonce. M’attends pas. » Et il m’envoie l’adresse de l’hôtel au centre de Villefranche.

Après le petit dej, quelques photos et stories, on part pour le début de cette 5ᵉ étape. Je fais les 3 premiers kilomètres de politesse avec lui, puis je décide de partir à mon rythme.

C’est sûrement l’une des plus belles étapes du voyage. La région est juste magnifique, incroyable même. 1h et 30 km plus tard, je fonce dans un Super U pour me ravitailler en barres et en boissons, puis je repars direct direction le premier col de la journée.

Pendant le voyage, j’envoie à Fifou ma position en le spammant de messages sur WhatsApp, histoire qu’il ne perde pas le sud. Des indications du genre : « c’est tout droit, tu peux pas te tromper » ou encore « va au sud ». Il m’appelle paniqué : « Je suis sur le D2 ! » Jamais mis les pieds en D2 de ma vie, je lui réponds qu’il ment !

La pluie ! Elle a été une invitée récurrente aujourd’hui. Les microclimats dans cette région, c’est quelque chose… Il pleut des trombes pendant 10 minutes, puis ça s’arrête net. Je n’ai pas arrêté d’enfiler et d’enlever ma veste. Je m’imaginais Fildrong, avec son t-shirt d’époque Twist, trempé d’humidité… le pauvre !

Deuxième col terminé quand soudain : PANIQUE ! Appel de Quentin : — « T’es où ? » Je venais d’arriver à Faycelles, un village de pèlerins accroché à la montagne au km 80. — « J’ai faim, y a rien, trouve un truc ! »

Il y avait un seul bar ouvert, encore 10 minutes, qui faisait des sandwichs au fromage. Je grimpe une bosse à 20 %, manque de dérailler en passant sur le petit plateau, mais j’arrive à voler deux sandwichs et deux boissons in extremis.

— « Attends-moi là, j’arrive. » Je m’exécute.

Les pèlerins venus chercher un ravito n’ont pas eu cette chance et s’abritent sur la terrasse couverte du bar alors que la pluie redouble. Ça parle Saint-Jacques-de-Compostelle et pèlerinage. J’interviens de temps en temps, mais je profite surtout pour ouvrir mes boosters Pokémon Pocket de la nouvelle extension.

1h plus tard, Fildrong arrive. Il se met direct à raconter ses grands voyages d’aventurier, tout de go : — « Je suis allé à Tokyo à vélo. » — « La randonnée corse ? Oui, je l’ai faite en 3 jours au lieu de 6. » — « J’ai même pas eu besoin des tampons pour mon diplôme de Saint-Jacques. »

Je ne me sens alors qu’un petit homme, qui sans sa machine à 8000 balles ne serait pas capable de grand-chose. Il file son Insta, son mail et son téléphone à tout le monde, puis 30 minutes plus tard, on décide de repartir, même si la pluie n’a pas encore cessé.

Mais après 1h30 d’inactivité, le petit hobbit que je suis commence à avoir très froid. La descente de Faycelles est terrible : on se gèle, on tremble comme pas permis ! Fildrong, en chaussures de ville et cuissard troué, me lance : — « Ça me rappelle l’Estonie ! Là-bas, le froid c’était quelque chose… »

Je me concentre pour ne pas chuter, rabattant ma gapette pour éviter d’avoir de l’eau dans les yeux.

Après ça, il reste une petite montée puis c’est tout droit en descente. La pluie s’arrête. J’ai malheureusement déchiré ma veste imperméable en l’enlevant… je suis triste 😢.

— « C’est bon, ça descend, pars devant, on se rejoint à l’hôtel. »

Parfait : la grande descente me permet de prendre pas mal de vitesse, et ma trace va justement au centre de Villefranche. Une fois en plein centre de cette magnifique ville, je sors mon téléphone pour taper l’adresse de l’hôtel… sauf qu’il est en fait à 2 km en sens inverse. Il faut tout remonter.

Quand j’arrive, Fildrong est déjà là : — « Le spa marche pas. Dépêche-toi, on doit tourner une vidéo de Mégalucalibre pour ma chaîne YouTube aux centaines de milliers d’abonnés. »

Je m’exécute ! C’était une super journée, vivement demain