Etape

Igoumenitsa - Louros

Kilomètres

95

Météo

CHAUD

Phrase du jour

Je dois être le seul mec à utiliser son t-shirt Ralph Lauren comme turban - Mathieu

Résumé

La journée d'hier est dédiée à la traversée de la mer Ionienne direction la Grèce. Les billets de ferry que j'ai pris soin d'acheter quelques jours à l'avance indiquent un départ à 13h. Ceci devant nous permettre d'accoster en début de soirée en république hellénique.

Nous nous présentons donc avec deux bonnes heures d'avance au port où l'on nous précise que le ferry ne partira en fait que vers 16h. Vers 15h, le ferry arrive et entame le très long ballet de débarquement des camions. Il est clair que nous ne partirons pas à 16h non plus.

Lorsque nous nous approchons du bateau, un personnel technique nous indique que les camions ont la priorité et qu'il faut attendre qu'ils embarquent tous. C'est de bonne guerre car la traversée doit plus être financée par les 200 semi-remorques que par les 4 randonneurs à vélo qui patientent devant le monstre d'acier.

Nous levons l'ancre vers 18h et la traversée doit durer 8h environ. Puisque nous changeons de fuseau horaire, il faut donc tabler sur une arrivée entre 2 et 3h du matin. Le problème est que l'étape qui s'annonce est de très loin la plus complexe du voyage.

Autour de 100 kilomètres, deux cols pour un total de 1300 mètres de dénivelé positif, sous 34 degrés à l'ombre. Nous évaluons nos options. Les deux hôtels suivants sont réservés et non annulables ce qui exclut de passer une journée en sus à Igoumenitsa.

Quentin propose de se lever vers 10h30 pour pouvoir assouvir ses 7 heures de sommeil, sans quoi il menace de se transformer en Minogrinch, un affreux monstre local, demi-homme, demi-grinch.

Je propose pour ma part de ne presque pas dormir et de partir à la frontale pour pouvoir avaler les deux cols avant que la température ne soit intolérable.

Au moment de mettre le réveil, nous opérons finalement un consensus mou, probablement la pire des solutions. Nous partirons à 9h30 et devrons donc passer le second col à la pire heure, vers 13h avec le soleil au zenith.

À 8h30, le réveil sonne. Heureusement nous sommes déjà réveillés grấce à l'odeur de cigarette véhiculée par le circuit de ventilation de l'hôtel. Je suis de très bonne humeur, et je préfère ne pas parler pour ne pas trop le prouver. Deux oeufs durs et un mauvais café plus tard, la première côte s'annonce au kilomètre 0.5, la journée va être longue.

Le premier col est vite expédié et nous pouvons admirer les superbes paysages avec un peu de hauteur. Je déjoue les pièges de Komoot qui veut nous faire prendre des chemins et nous arrivons au pied du second col vers 12h30.

Il s'agit d'un petit village pittoresque où la population locale est largement attablée et nous regarde passer désintéressée. Chacun de notre côté nous hésitons, sans le dire à l'autre, à proposer une pause dans ce village. Finalement, aucun mot n'est échangé et nous poursuivons en direction du col.

La encore deux techniques s'opposent. Quentin prend son temps et fait des pauses à l'ombre. Je choisis d'avaler tout le dénivelé d'un coup pour ma part. Mon front ruisselle d'un mélange peu ragoûtant de litres de sueur et de crème solaire.

Le fait est que même en partant plus tôt nous aurions probablement eu tout de même très chaud. Je préfère maudire Quentin pour pouvoir convertir ma rage en coups de pédales. Petite pause au sommet dans un champ d'olivier qui fait aussi office de décharge communale. Un constat s'impose : il fait chaud de l'enfer.

Il nous reste 40 kilomètres à faire pour boucler l'étape. Je me rends compte que Komoot nous fait prendre une route blanche tellement fine qu'on ne la distingue presque pas sur la carte, mais qu'il classe comme "asphaltée".

Il doit probablement s'agir d'un défaut de traduction de l'application. Par "asphaltée" il faut comprendre : chemin en sable et en cailloux tracé par un tractopelle tiré par un âne en 1922. Une bonne grosse heure à profiter du beau temps en poussant les vélos.

De rage, j'arrête Komoot et j'ouvre Google Maps avec le réglage voiture, autoroute autorisée pour terminer le calvaire. Nous arrivons vers 17h avec une moyenne plutôt respectable. L'ambiance légère de l'Italie est loin derrière nous.